L'enfer by Calahan
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L'enfer by Calahan
Matt & Rita
Tim, de son côté, avait fait immédiatement un signe à Izabel pour qu’elle ne courre pas jusqu’au trou.
« Tout le monde à couvert ! Attendez les ordres du Capitaine ! »
Il se retourna en sentant que quelqu’un lui tapotait dans le dos.
« Sergent ! Il est forcément planqué dans ces rochers, là-bas... »
« Tu peux l’avoir ? »
« C’est un sniper...c’est de la triche... »
Rita était une tireuse de précision. Le type d’en face était mieux caché, mieux équipé et mieux formé. Tim insista :
« Danny et Ruth ont besoin d’aide. Est-ce que tu peux me flinguer ce type ?!? »
L’italienne se mordit les lèvres.
« Avec un bon observateur, peut-être. » Avoua-t-elle sans regarder Matt.
« Avec un tireur de précision, c’est sûr. » Lâcha-t-il se portant ainsi volontaire cherchant à croiser le regard de son éventuelle partenaire.
« Je lui filerai pas mon flingue ! » Rétorqua Rita avant de s’abaisser en entendant une balle passer très près.
« Garde ton fusil. Je te sers d’observateur. » Bien entendu, il aurait préféré être celui qui pressait la gâchette, il fallait ravaler sa fierté et prendre les bonnes décisions. Ce n’était pas avec son P90 qu’il allait pouvoir rivaliser avec la puissance d’un fusil sniper.
« Hé ! » Brass s’approcha d’eux. « Organisez-vous comme vous voulez. Mais dégommez-moi ce fumier. Je rends compte au Capitaine, attendez mon signal. »
L’italienne acquiesça et vit Tim se déporter.
« Will a un télémètre à lunette, ça fera ton affaire ? »
« On fera avec. » Ce n’était pas l’idéal mais il fallait faire avec les moyens du bord. Leur survie en dépendait, la survie de l’unité aussi.
« WILL » Gueula-t-il par dessus les tirs pour attirer l’attention du soldat du génie. « Envoie ton télémètre. »
« HEINNN ? » gueula-t-il à son tour.
« TON TÉLÉMÈTRE ! ENVOIE LE MOI ! »
Will ne répondit pas sur le coup. Il se défit de son sac à dos et récupéra la sacoche qui contenait l’outil. Le jeune homme se redressa, arma son bras pour lui envoyer l’engin.
« Prends en soi... »
SHPAAAAKKKK
« Aaaahhh ! »
Sandoval tomba à la renverse. Le télémètre était très proche mais en-dehors de toute couverture.
« Ca fait mal ! » gueula-t-il en se répliquant illico. « Je saigne ! »
La jeune femme hasarda un coup d’oeil par-dessus le tronc où elle était cachée avec Matt. Elle pointa du doigt un poste de tir potentiel et s’écrasa subitement en voyant une volée de bois lui éclater au visage.
« Sale enfoiré !!! » Cria-t-elle. « Faudrait qu’on arrive là-bas ! Cet énorme rocher, là, tu le vois ? »
Will touché, la moitié de l’unité avait déjà été touché. Eversman jurea à plusieurs reprises. L’envie de se faire cet enfoiré n’en était que décuplé. Quand on jouait, autant affronter les meilleurs, la victoire n’en était que meilleure et ce sniper avait l’air bon. A son tour de s’exposer le temps de jeter un coup d’oeil vers la position de tir. Ce n’était pas très loin, plutôt pas mal mais fort risqué à atteindre. Il s’empressa de se remettre à couvert, bien plaqué contre la paroi rocheuse. « Il nous faut une diversion. » Ils pouvaient être bons sprinteurs, si le sniper était doué comme il semblait l’être, ils se feraient abattre l’un après l’autre. Ce dernier se doutait qu’une riposte se préparait et bientôt aurait repéré la manoeuvre.
« Toi, tu fonces là-bas. Moi, je récupère le télémètre et je te rejoins. OK ? »
« On attends Tim ! » S’écria-t-elle en réponse. « Il nous a dit d’attendre ! »
« On attend la diversion surtout. » Sans ça, impossible de faire quoique ce soit. Le risque d’être touché était trop élevé.
« Iza ? Tu as un miroir dans ton sac médical ?! Il me le faut. »
« Heu...oui...oui... » fit-elle essoufflée. Elle s’activa pour lui donner ce miroir alors qu’elle était en proie à l’envie d’y aller. « Je vais aider Will... »
« Attends la diversion, Iza... » Dit-il tout en resserrant la sangle de son fusil pour qu’il ne gêne pas ses mouvements.
« Il a pas l’air bien. Couvre moi, j’ai juste besoin d’aller derrière ce tronc !!! »
« Non, Iza. C’est trop risqué. Bouge pas. » Répéta-t-il prêt à l’aggriper par le sac ou le gilet pour la garder à couvert.
Bowers se laissa faire à contrecoeur et contacta Will par radio, pour lui donner quelques conseils.
//Je vais bientôt venir Will, tient bon.//
//Je perds du sang...j’ai un trou dans la poitrine...merde...MERDE !!! Je vais crever ?//
//Tu es conscient, tout va bien. Ne t’en fait pas, c’est un exercice. Juste un exercice !// Le rassura-t-elle. //Je te promets que je vais venir.//
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L'enfer by Calahan
MATT ET RITA
« MATT ! COURS OU CRÈVE !!! » Cria Rita en s’élançant brusquement de son couvert.
C’était le moment. Elle fonça à toute allure vers la couverture dont ils avaient parlé pendant que l’ancien rangers partait chercher le télémètre. L’italienne manqua de se faire avoir au vol. La balle passa de si près qu’elle en fût déséquilibrée et s’écroula au sol, finissant les deux mètres qui la séparait du couvert en roulant sur elle-même. Elle perdit son casque dans la manoeuvre.
Le fumigène ne couvrait pas suffisamment de terrain, elle s’en rendait tout juste compte et déduisait que le sniper avait une bonne vue de ce côté du terrain. Peu importe la pointe de vitesse de Matt, s’il se ramenait, il allait se faire descendre. C’était logique, le sniper savait qu’il lui faudrait un observateur.
Le signal donné, Eversman ne chercha pas à comprendre et s’élança aussitôt de son couvert fonçant vers l’endroit désigné. Ce n’était qu’à quelques mètres et heureusement. L’arme solidement harnaché autour de son torse, il n’eut pas à s’en préoccupé. Une main avec le miroir alors que l’autre venait de se refermer autour du télémètre. Pas le temps pour admirer ce bijou de technologie ou même reprendre son souffle, il fallait rejoindre la position de tir.
Planquée derrière son gros rocher, l’italienne vit son collègue et rival apparaître. Comme dans un réflexe, comme instinctif, elle lui imposa le signe stop de ses mains, les yeux écarquillés. Et elle répéta une deuxième fois son geste pour être certaine qu’il le comprenne.
//Eversman...t’es attendu.// Lâcha-t-elle finalement sur son canal radio. Si on ajoute une fumi sur notre ligne de tir, ce petit bâtard va en profiter pour changer de poste...
Un poing fut levé dans l’axe du regard. Signe implicite imposant l’arrêt immédiat. Le geste fut renouvelé provoquant l’arrêt immédiat du militaire. Il rechercha aussitôt une position à couvert. Pas de grands rochers ou de végétation suffisante, les quelques roches suffiraient à lui offrir une barrière de protection. Du moins, il l’espérait. Eversman se pencha de manière à avoir un contact visuel avec Rita alors qu’elle transmettait, soulagé de voir qu’elle était bien parvenue sur site.
// Reçu. On oublie le fumi alors .// Répondit-il tout en jetant de vifs coups d’oeil sur l’environnement proche ainsi que l’éventuel position du tireur. // Je vais essayer de te filer sa position d’ici. //
Bon ça c’était l’idéal. Il n’était pas vraiment certain d’y parvenir. Tant qu’il y aurait cette fumée, il ne pouvait déterminer le lieu de tir précis et par conséquent sa distance. Temps que le fumigène était actif, il essaya de déterminer la position du tireur d’après les premières observations et ensuite il utilisa le miroir pour le repérer restant à couvert.
Pendant un temps, les tirs avaient cessé. Peut-être que le sniper était en train de recharger. Ou peut-être se concentrait-il. Mais brusquement, alors que le sifflement le prévenait à peine de l’arrivée d’une balle, le miroir éclata en morceaux dans sa main. Il était parvenu à toucher, à cette distance, la minuscule cible que représentait le miroir. A coup sûr, le tireur devait être fier de lui et sourire de l’effet qu’il produisait sur les deux jeunes gens.
//Merde. Il est talentueux en plus...// Commenta Rita en restant planquée derrière son rocher.
« Putain, l’enfoiré. » Jura Eversman tout en se plaquant le plus possible contre son couvert. S’il avait pu ne faire qu’un avec, il l’aurait fait tant il avait la trouille et le palpitant à fond. Les morceaux de verre brisé, désormais inutile, furent lâchés. Les mains refermaient autour de son fusil mitrailleur même s’il était inutile à cette distance. Ce type était doué, il n’avait pas besoin des constatations de la collègue pour en témoigner. Tirer à travers un épais fumet et atteindre ce petit point, ça donnait une idée du bonhomme en face. C’était peu rassurant même si ça décuplait l’envie de se le faire.
Le fusil bien serré contre elle, Rita turbinait à cent à l’heure pour tenter de trouver une solution. Pas de fumigène, pas moyen de l’atteindre. Et pourtant, sans Matt pour la guider en tant qu’observateur, elle ne pourrait rien faire. L’italienne avait déjà une petite idée qui germait dans son esprit mais elle ne voulait pas, elle s’y refusait intérieurement.
Pourtant, vu la situation, elle se rendit vite compte qu’elle n’avait pas le choix.
//Tu veux toujours me faire voir ton record de vitesse ?...// Lui demanda-t-elle d’une voix blanche.
// C’est quoi ton plan ?// Lui demanda-t-il en retour ne se voyant pas quitter son couvert sans se manger une balle. Si ce type savait atteindre un miroir dans la fumée alors un homme, c’était un peu un éléphant dans un couloir pour lui.
//A mon signal, tu fonces...trois...deux...un...//
L’italienne marqua un temps d’arrêt et au moment où elle hurla : //VAS-Y !// elle fit un pas de côté et se dévoila.
La réponse fut immédiate, rapide, brutale. Une balle percuta sa tête et l’envoya s’écraser durement dos sur le sol. La jeune femme poussa un gémissement en tentant de rouler sur le côté. Mais elle était sonnée. A l’endroit de l’impact se devinait déjà un orifice sanguinolent sur son front. Si la balle avait été réelle, Rita aurait eu un trou entre les yeux.
Pris au dépourvu par le déclenchement du décompte, Eversman n’eut d’autres choix que de se préparer pour se mettre en mouvements, essayant de se placer sur ses appuis avant de s'exécuter. Usain Bolt n’avait qu’à bien se tenir. Le regard rivé devant lui, il assista à l'exécution de la Ritale semblant voir son corps tomber au ralenti comme dans les films. Un juron s’échappa de ses lèvres.
« Merde, Rita.. »
Par réflexe, les jambes ralentirent leurs enjambées alors qu’il fallait au contraire accélérer pour ne pas être le prochain. La peur, l’instinct de survie le saisirent et lui firent parcourir les derniers mètres au plus vite se fichant à couvert d’une glissade. Rita était toujours consciente. Un miracle. il l'agrippa par la manche pour la tirer à l’abri avant de lui adresser quelques tapes sur la joue pour vérifier sa conscience.
« Rita ?! ça va ? »
« J’suis en pleine forme ! » Affirma-t-elle par pure fierté alors qu’elle peinait à garder les yeux ouverts.
La jeune femme se passa une main sur le front et y découvrit son propre sang. Elle savait qu’elle n’en mourrait pas mais ça faisait un mal de chien. Une balle en plein dans le pif, même avec de la munition d’entrainement, ça remuait. Rita retint un gémissement et ouvrit un peu plus grand les yeux pour voir son sauveur du moment. Encore un peu plus par fierté, et par rivalité, elle repoussa ses mains.
« On est bon ? On peut venger ma mort ? »
« Oui. » Répondit-il avec un sourire, rassuré de la voir prendre un peu la mouche en le repoussant. « C’était complètement con de ta part. Quoique tu t’es sacrifiée pour moi, c’est mignon ! » Ajouta-t-il tout en la lâchant définitivement et cherchant la meilleure position.
« A charge de revanche. Toi tu prendras une vraie balle pour sauver ma peau ! »
Elle récupéra rapidement son arme et se mit en position. Le sniper était passé à d’autres cibles parmis eux mais elle ne parvenait toujours pas à le localiser. Rita écarquilla les yeux en découvrant la crête d’en face dans sa lunette.
« On voit la même chose ? »
Au moins quatre soldats s’activaient sur le rebord du relief. Ils semblaient déposer des paquets dans le sol avant de les enfouir. La façon de se déplacer indiquaient bien qu’ils étaient pressés. Pendant ce temps, le sniper faisait tout son possible pour ralentir l’escouade Charlie. Les empêcher d’arriver jusqu’à ses potes qui faisaient on ne sait quoi...
« On dirait qu’ils piègent le chemin non ? » Demanda-t-il essayant d’agrandir le grossissement pour mieux voir. La pression d’un mauvais bouton fit apparaître de nombreuses données lui gâchant la vue et le faisant jurer.
« Ca servirait à quoi ? Ils font ça en public, ils cherchent pas à se cacher...et ils mettent quoi dans le sol, t’était Rangers non ? »
« Et toi, tu étais bien Italienne non ? » Répliqua-t-il coup sur coup tout en cogitant de son côté.
Elle ne quittait pas son regard de la lunette. A coup sûr, le sniper était en train de les chercher, il fallait garder profil bas.
« T’es à leur place, tu fais quoi pendant que ton pote empêche l’ennemi d’avancer ? »
« Je sabote la seule voie d’accès. » Il espérait sincèrement avoir tort.
« Quoi ? »
Elle le regarda ce coup-ci, comprenant la stratégie. S’il faisait ébouler toute cette pente en les privant de route, le Divorce n’irait nulle part. Et peut-être eux aussi.
L’italienne les regarda depuis sa lunette et pesta.
« Il faut avertir le capitaine ! »
Le sous-entendu fut compris : avertir le Capitaine. Pas de problème, Rita avait l’oeil rivé dans la lunette de visée. Lui se plaça de nouveau à couvert le temps d’activer la radio et délivrer son message.
// Eversman pour tous. Sabotage en cours en haut du sentier. Ils vont provoquer un éboulement..//
Nouvel appui sur le dispositif radio afin de stopper l’émission avant de se remettre en place, l’oeil rivé dans le télémètre.
« Si on les abat, il va connaître notre position. Faut le trouver cet enfoiré ! » Réfléchit-il à haute voix.
La réponse de Pedge arriva dix secondes après qu’Eversman ne la previenne. Il fallait qu’elle s’organise, qu’elle réfléchisse à un moyen d’empêcher ça. Ce serait catastrophique s’ils parvenaient à faire ébouler une partie de la colline sur le sentier. Soit ils étaient obligés de faire un détour monstre, ce qui était exclu, soit de laisser le divorce sur place. Pour un peu que ce soit vraiment bien et eux-même ne pourraient plus franchir l’obstacle non sans dépenser une énergie folle qu’ils n’avaient pas.
// Possible pour vous de nous donner une position ? //.
Dans le même temps, elle prenait à partie Brass et Sandoval qui se ramenaient avec le mortier.
« Préparez-vous à faire feu. ». Autant qu’ils prennent de l’avance et qu’ils chargent l’engin. Si Rita et Matt parvenaient à lui donner un semblant de position de ces artificiers, ils prendraient un obus de mortier sur la gueule, et ça devrait calmer tout le monde.
// À 11h près du rebord. 4 individus. // Annonça-t-il en retour. Il laissa un petit temps avant d’ajouter quelques mots. // Solution de tir possible pour nous mais on s’exposerait à une réplique du sniper adverse. En attente de l’ordre de tir. // Rita les avait dans sa visée, elle pouvait donc en abattre le plus possible mais leur position sera dévoilée et nul doute que le sniper adverse en profiterait. C’était néanmoins une possibilité pour le Chef d’équipe.
// Négatif. Vous restez sur la neutralisation du sniper adverse. //.
ENVIRONNEMENT
Izabel était bien loin de sa zone de confort. La stratégie et les conflits directs lui avaient toujours été étrangers. Bien sûr, la jeune femme avait rempli les prérequis à son poste et son adhésion à l’expédition d’Atlantis. Mais jusque là, ça avait toujours été très théorique, dans des salles de sports chauffées, en sécurité et entourée d’un tas de gros bras qui géraient ça à la bonne franquette. Peut-être une ou deux manoeuvres de quelques heures dans un campement, un bois, un champ en jachère. Voir même au pied de Cheyenne Mountain une fois.
Mais le médecin de l’unité n’avait encore jamais connu d’engagement de cette importance. Depuis le début de cette manoeuvre “à la Calahan”, elle s’était retrouvée propulsée dans un tel réalisme, qu’elle en oubliait régulièrement la notion d’instruction. Ses collègues aussi d’ailleurs. Bowers soignait leurs plaies, essayait de prendre soin d’eux, ils avaient besoin d’elle comme le Capitaine le disait. Mais surtout, ils avaient aussi besoin de son neuf millimètres dans ces moments de dangers.
La jeune femme savait se servir de son arme, elle n’était pas du genre à s’enfuir. Mais ça ne suffisait pas selon elle. Oui, elle avait tout simplement peur de les décevoir et elle tourna un regard inquiet à la recherche du couvert lorsqu’Elana le lui avait ordonné.
Ruth prit donc naturellement le relais. Alors que tout le monde se mettait en place et que Danny déclarait avoir le visuel sur les chiens d’attaque, Padilla agrippa l’avant bras du médecin pour l’attirer jusqu’à sa cachette. Elle accompagna son mouvement et sa mise en position tout en la rassurant.
« Je te promets que tout va bien se passer. » Affirma-t-elle tout en vérifiant son neuf millimètres et en lui remettant en main. « On a été surpris la première fois, maintenant on les attends : on va se venger ! »
« On va se venger... » Mima Izabel en suivant toutes les consignes non verbales de sa mise en position. Elle lui était reconnaissante.
« Tire lentement, prend le temps de viser. Et regarde Elana pour prendre exemple sur elle. Tu verras, Rita nous cuisineras du Louloup ce soir ! »
Et aussitôt, Ruth fila pour rejoindre sa position, faisant un petit signe à la volée au caporal pour lui annoncer que tout était bon. Etrangement, il s’écoula une bonne minute avant que les chiens de combat ne déboulent en nombre. Pour une fois, Charlie avait eu le temps de s’organiser et de se mettre en place pour former le comité d’accueil. Les fourrés qui favorisaient la planque et l’irrégularité du terrain se froissèrent, s’agitèrent soudainement. Les bestiaux jaillirent brutalement droit devant eux pour s’empaler sous les tirs puissant de la mitrailleuse coaxiale du Divorce. Les balles neutralisantes filèrent vers cet ennemi par procuration, plus un outil de Calahan qu’autre chose, et ce fût très rapidement le massacre. Pour la première vague seulement.
Forcément, les prochains chiens de combat furent naturellement beaucoup plus mobiles. Moins lancés dans la course, ils avancèrent avec agilité, sautant parfois par dessus les corps assommé des premières cibles. A droite, à gauche, bondissant, fuyant, revenant à la charge. Un véritable harcèlement qui ne tenait pas d’une stratégie humaine mais de celle des meutes en chasse. Les canidés profitaient qu’un des leurs soient ciblés pour attaquer soudainement. C’était comme dans un documentaire animalier, naturel, et probablement approfondi par les maître-chiens d’Atlantis pour mettre à profit leurs instincts de prédateur.
L’un d’entre eux finit par franchir la ligne de défense et sauter droit vers le Capitaine, l’atteignant par surprise à la hanche alors qu’elle aidait Tim et Will a calculer rapidement l’élévation pour le tir de mortier. Leur première ogive venait tout juste de partir...
Un autre, touché par plusieurs tirs conjugués, termina sa course en boulant Elana et en la faisant tomber sur le sol. Elle avait le temps de se reprendre mais elle pouvait entendre les grattements d’un chien opportuniste qui s’était directement tourné dans sa direction.
MATT
Pendant ce temps, un duel s’était rapidement déclenché dès que Matt avait découvert le sniper. Une simple erreur de manipulation du télémètre lui avait engagé l’optique infrarouge, lui permettant de découvrir la signature thermique du tireur, bien planqué sous une toile de camouflage sur lequel quelques rochers et gravats avaient contribués à son “invisibilité”. Rita échoua sur ses deux premiers tirs, les deux kilomètres de distance rendant ces tentatives très hasardeuses. Heureusement, l’ennemi connaissait également des difficultés puisqu’il était gêné par le soleil qu’il avait en pleine face.
« Raté. Quarante centimètre plus à droite et un poil plus haut. » Commenta-t-il l’oeil rivé dans le télémètre lui donnant ainsi les correctifs nécessaires pour atteindre le but. C’était loin d’être agréable pour elle et ne faisait qu’accentuer la pression sur ses épaules, il en avait bien conscience mais c’était son rôle dans le binôme. Attendre que l’Italienne réussisse son tour. Lui gueuler dessus ne servait à rien. Le troisième tir se faisait désirer. Il lui laissa quelques instants supplémentaires prenant son mal en patience. Toujours rien.
« Rita ? » Finit-il par la questionner levant l’oeil du viseur pour l’interroger du regard.
Pour son troisième tir, la jeune femme n’appuya pas sur la détente, comme si elle demeurait sourde aux conseils de Matt. Elle semblait être en proie à un terrible duel intérieur, un dilemme qui se jouait en elle en-dehors de cette bataille et qui n’avait pas lieu d’être. Le choix entre sa fierté et son boulot. Pour une Italienne, c’était très dur de se décider. Mais elle se fit violence.
Elle tourna à contrecoeur son visage vers l’ancien rangers pour qu’il découvre de lui-même la vérité, la déduction qu’il se ferait, en voyant que sa plaie sur le front saignait pas mal. Trop même. Parce que son sourcil bien imbibé ne faisant plus écran, le sang lui tombait directement dans l’oeil et l’aveuglait. Elle était largement handicapée pour faire un tir à longue distance. Eversman grimaça en découvrant le visage ensanglanté de sa partenaire. Le filet rouge était impressionnant. Il remonta celui-ci des yeux pour chercher la source des problèmes, l’impact de balle un peu plus tôt. Ce dernier aurait été mortel sur le terrain, lui faisant certainement exploser le crâne. Nul doute qu’elle ne pouvait réussir son tir avec une gêne pareille.
Sans un mot, parce qu’elle aurait été odieuse, elle déplaça la crosse de son arme dans sa direction pour qu’il effectue le tir à sa place. Le message était clair, à lui le rôle de tireur. Eversman demeura immobile l’observant modifier sa position afin de lui permettre de basculer de poste. Elle devait être sacrément diminuée pour en arriver là, pour offrir son fusil si précieux à quelqu’un qu’elle n’appréciait pas. Il aurait les boules à sa place. Ils devaient échanger les rôles. C’était logique, c’était militaire. Elle était gênée par sa petite hémoragie et elle ne pouvait pas faire peser le risque sur toute l’équipe juste parce qu’elle ne voulait pas que son rival touche à son flingue. Et surtout : qu’il réussisse le tir avec.
Le télémètre fut libéré pour qu’il puisse prendre en main le fusil. Il ressentait une pression non négligeable s’abattre soudainement sur ses épaules. Il y avait la réussite du tir, le fait que tout dépendait de lui mais aussi celle de Rita qui l’aurait trucidé un peu plus tôt s’il avait touché son arme et maintenant elle le lui offrait sur un plateau. C’était loin d’être une arme avec laquelle il avait l’habitude de tirer, il en ignorait les réglages propres au tireur et se devait de faire avec.
Rita serra les dents, son visage s’était empourpré par la colère. Alors elle détourna la tête pour venir chausser le télémètre et lui laisser le temps de s’installer. Une balle ennemie claqua sur le gros rocher à côté d’eux, à seulement trente centimètres de décalage.
« J’ai senti sur les tirs qu’il y a un vent de travers gauche. » fit-elle lentement. « Et il faut corriger d’un degré de plus sur la hauteur. »
L’oeil vissé dans la lunette et le doigt sur la gâchette, Matt s’évertua à se concentrer sur les mouvements de sa respiration. Il faisait abstraction de l’environnement local ne prenant en compte que les directives de Rita. C’était comme une petite voix qui passait au travers de la petite bulle dans laquelle il s’était enfermé et qui ne le gênait pas. Ainsi pu apercevoir la cible au télémètre, le Ranger savait ce qu’il devait rechercher et atteindre. Plus de 2000m. C’était un sacré tir à effectuer. Il n’était pas tireur d’élite mais de précision. Jamais il n avait effectué un tel tir… pas à telle distance. Rita était meilleure que lui pour l'exécution et n’y était pas parvenue. Il ne fallait pas y penser et rester concentré. Quand la cible fut verrouillée, Matt inspira avant de retenir son souffle de manière à ne pas être gêné. La gâchette fut pressée.
Raté. Un juron s’échappa de ses lèvres lui permettant d’évacuer cette frustration avant de se remettre en position de tir écoutant attentivement les correctifs de Rita pour les prendre en compte sur le prochain coup. Il fallait qu’il l’ait. Il se devait de l’avoir cet enfoiré. Pour l’équipe mais aussi pour lui… Le nouveau rituel de tir fut engagé et bientôt la gâchette fut de nouveau appuyée.
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L'enfer by Calahan
La situation n’était déjà pas assez bordélique, il fallait maintenant que Ravix s’y mêle. Du coin de l’oeil, Eversman remarqua ses déplacements mais surtout le fait qu’elle avait ôté son arme. C’était loin d’être un geste anodin pour un militaire. Jamais ils ne devaient se séparer de l’arme qui leur était confiée. Là, le geste était des plus symboliques : Ravix jetait l’éponge et rejoignait le groupe de mutins devenant la cible prioritaire du Ranger durant son déplacement.
« Pedge ? » Gueula-t-il attendant un retour de sa part pour ouvrir le feu. Que ce soit sur elle ou sur les autres, Matt était prêt à leur tirer dessus. Cela ne l’enchantait pas mais il ne pouvait accepter leur comportement. S’ils abandonnaient maintenant pendant un entrainement, ils abandonneraient aussi une fois de l’autre côté de la porte. Aussi sympathiques qu’ils étaient, ils n’étaient pas fiables et donc pas digne d’une confiance aveugle Qu’auraient-ils fait sur ce croiseur wraith aux mains de cette reine sadique ? Cette manoeuvre, aussi difficile soit-elle, ce n’était pas grand chose comparé aux événements de mission.
Ravix se lança dans un discours d’union cherchant à les ramener à la raison, essayant de ramener une espèce de cohésion. Ce n’était plus le moment. Le beau discours, ce genre de propos qu’on attendait d’un Second, ce n’était pas maintenant qu’il fallait le sortir mais bien avant que la grenade ne soit dégoupillée. La fracture était trop profonde maintenant, les désaccords multiples et surtout la confiance était perdue de toute part. Raix et les autres étaient perdus à ses yeux, Padilla plutôt neutre hésitant entre les deux camps et Pedge et lui à tenter de préserver la mission initiale.
La texane poussa un profond soupir. Cette fois, elle était lasse. S’en était trop. Qu’est-ce qu’on pouvait faire avec une équipe pareille sérieusement ? Le mariage était consommé, et le divorce pointait le bout de son nez.
« Laisse tomber Matt. », fit-elle en rangeant son arme d’un geste sec dans son holster. « Continue comme ça et tu vas t’en sortir. » Au final, elle ne pouvait compter que sur lui, et sur elle-même, dans cette équipe de bras cassés. Entre Padilla qui répugnait à suivre l’ordre, et Ravix qui balançait jusqu’à son arme pour faire Dieu seul savait quoi d’impulsif encore, c’était la bérézina. A deux contre sept, c’était peine perdue. Personne n’avait envie de suivre les ordres, sauf le ranger. Comme quoi… Même les bourricots finissent par apprendre de leurs erreurs.
« Je ne sais pas ce que tu comptes faire, mais pour ma part, je me tire d’ici. »
Elle lui colla un tape amicale sur l’épaule en passant, avec un petit signe de tête encourageant, tandis qu’elle se dirigeait vers Padilla. Eversman était dans une situation délicate. Il n’était pas là par hasard. Il achetait sa rédemption. Que devait-il faire ? Pedge n’en savait fichtrement rien. Rester avec ces ploucs ? Se tirer de là ? Elle n’avait pas de réponse à lui donner. En ce qui la concernait, même si elle n’avait pas son grade, elle ne resterait pas plus longtemps ici. De toute façon, il n’y avait plus d’équipe à commander, et elle n’avait pas envie de passer plus de temps avec ces abrutis congénitaux qui n’avaient pas leur place dans une quelconque armée du monde.
« J’ai besoin de la centrale, merci. », demanda-t-elle à Ruth.
Elle récupéra le matériel de communication vers le Dédale. Elle ne comptait même pas s’adresser à Calahan, puisque de toute façon, il ne répondrait pas.
// Robin, ici TexMex, merci de me sortir de là. J’arrête la manoeuvre. //
Jamais elle ne s’était sentie aussi humiliée. Jamais. Elle prenait sur elle réellement pour ne rien laisser paraître, mais elle en avait gros sur la patate. Si elle avait imaginé ne serait-ce qu’une minute que ça se passerait comme ça… Qu’une équipe presque au complète lui rirait au nez, elle n’y aurait pas cru. Et pourtant, elle était là comme une conne à se faire renvoyer chez elle. L’humiliation était difficile à encaisser, et peu importe la manière dont elle allait s’y prendre, elle avait l’impression de fuir. Et ce n’était typiquement pas son genre, mais que faire ? Continuer avec Eversman ? A deux, c’était du suicide, et une connerie monumentale. Tant pis. Au final, ils avaient choisi de continuer seuls, qu’ils se démerdent, et bonne chance. Ça la faisait chier pour Matt qui allait devenir le pouilleux du coin, à nouveau, pour la simple raison qu’il avait suivi sa hiérarchie. Un comble quand même.
D’ailleurs, en sentant le poids de la couronne sur sa tête, elle l’escampa dans la cambrousse. C’était parfaitement ridicule. Elle n’avait pas à s’abaisser à leur niveau.
Le canon du fusil fut baissé tout comme la tête du militaire qui partageait la déception, la colère de l’officier. Il n’aurait pas parié sur une telle fin de manœuvre, pas sur une mutinerie des membres de l’équipe. C’était n’importe quoi. Les quelques encouragements de la couronnée avaient un goût amer. Oui, il s’en était tenu aux ordres et maintenant ? Que faire alors qu’Allen choisissait de quitter l’entrainement n’ayant plus d’équipe à commander ? Il se devait d’aller jusqu’au bout tout comme le Ranger se devait d’obéir à ses supérieurs or Allen le laissait sans directives. Il échangea quelques regards avec les mutins avant de finalement choisir de leur tourner le dos et de se rapprocher des deux autres assistant à l’appel radio vers le Dédale. C’était la fin pour elle, pour lui aussi d’une certaine manière.
« Si je ne finis pas la manœuvre, je peux dire adieu à Atlantis… » Lâcha-t-il ressentant le besoin de lui expliquer sa situation. « Je ne peux pas la réussir seul. Je ne peux pas la continuer avec eux. » Matt avait littéralement le cul entre deux chaises. La situation était des plus merdiques et pour une fois il n’en était pas responsable. Il venait d’être lâché par les coéquipiers, il espérait ne pas être lâcher par l’officier.
L’appel ayant été lancé, le Capitaine Allen disparut dans un grand halo de lumière avant qu’elle ne puisse lui répondre. Le silence morbide qui s’installa n’était dérangé que par le brouillard agonisant de la fumigène, ne laissant personne derrière. L’environnement prenait étrangement un ton désolé avec le divorce resté là et les rares soldats restés sur cette crête. Padilla s’approcha doucement d’Eversman tout en fixant l’endroit où se tenait le capitaine précédemment.
« Hé... » fit-elle en lui posant une main sur l’épaule. « C’est pas terminé. Laisse-lui le temps. »
La jeune femme regarda en direction du fumigène.
« [color=Salmon]Le caporal va devoir prendre la relève. Si elle est là.../color] »
Ruth ne pensait pas que cette division durerait. Elle avait en tête les effets des campagnes de salissage et avait actuellement un très bel exemple de ce que la guerre psychologique pouvait donner en cas de succès. Même en spécialiste, elle n’aurait pas pu récupérer tout le monde en le leur expliquant. Elana avait d’ailleurs tenté le coup en soulignant les points importants sans réussir à les convaincre. Dans une telle situation de tension, ce n’était pas si étonnant.
« Écoute... » fit-elle en désignant le silence. « Pas d’appel radio...pas de suspension...la manoeuvre continue Matt. C’est pas fini... »
Les soupirs étaient nombreux du côté d’Eversman, les jurons aussi. Pedge avait disparu le laissant là, comme un con. Matt venait de témoigner sa loyauté envers la hiérarchie, envers Pedge et résultat elle venait de le laisser tomber. Il avait envie de tout envoyer balader, de prendre son équipement et tout jeter au sol, d’abandonner à son tour. Il n’en était pas loin. Ruth tenta de le consoler, de lui apporter une solution. Ravix allait prendre les commandes ? Super… On parlait de la femme qui venait de jeter son arme pour copiner avec les mutins, celle qu’il était prêt à abattre quelques secondes auparavant. Il ne se voyait pas se placer sous ses ordres comme si de rien n’était, il ne se voyait pas marcher avec eux.
Un bruit de branchage attira l’attention de Ruth.
Elle se déplaça, une main posée sur son P90 mais sans le lever. La jeune femme découvrit avec un certain soulagement qu’Elana Ravix n’avait pas suivi les mutins. Elle était encore là.
« Elana ?... »
Elle marqua une pause, échangeant un regard avec Matt, en comprenant le cheminement de pensée qu’il devait avoir. La spécialiste tenta de le tempérer de son regard, lui faisant sous-entendre qu’ils devaient s’accorder.
Une pierre située à quelques centimètres du pied d’Eversman subit son courroux la projetant quelques mètres plus loin avant qu’il n’émette un nouveau juron. Il ne pouvait rester là, pas sagement en place. Il bouillait intérieurement, il lui fallait trouver une soupape rapidement avant que l’explosion n’ait lieu. Envoyer tout balader lui semblait une bonne solution, celle qui s’imposait. Eversman choisit de s’écarter de plusieurs mètres, prenant son crâne entre les mains respirant bruyamment tout en faisant quelques pas.
Ruth se pencha pour récupérer le P90 d’Elana. Elle vint dans sa direction pour le lui tendre sans afficher de préjugé. Son regard était allé vers Eversman et elle comprenait, vu l’historique et ce qu’elle savait de son passé, combien cette situation pouvait l’impacter.
Elle reprit à l’adresse d’Elana :
« Caporal...vous êtes le dernier grade opérationnel. Quels sont les ordres ? »
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L'enfer by Calahan
Le vacarme ambiant empêchant toute conversation, Eversman finit par toucher l’épaule de Padilla pour attirer son attention avant de toucher sa propre oreillette radio et lui indiquer le trois d’un geste de la main. N’étant pas née de la dernière pluie, elle comprendrait qu’il souhaitait échanger avec elle sur le canal trois. Il n’avait pas particulièrement envie qu’Elana assite à leur conversation. Elle devait de toute manière se concentrer sur la conduite.
// Merci pour tout à l’heure. // C’était la moindre des choses de la remercier pour la patience, le calme dont elle avait fait preuve pour le rallier à l’équipe. Nul doute que la spécialiste des renseignements était habile dans son rôle. Certains auraient pu choisir une méthode plus radicale, après tout il n’était qu’à l’essai mais pas elle. Pour ça, il lui était reconnaissant. Ravix ne l’avait pas brusqué non plus lui laissant le temps d’encaisser l’abandon d’Allen.
// Pourquoi ne pas avoir pris le commandement ? // Cette question le taraudait quelque peu. Il ne fallait pas être né de la dernière pluie pour voir que Ravix n’était pas à son aise en temps que leader. Ruth avait tiré les ficelles, l’aidant pour prendre la main et pour assurer la suite de la mission. Ce n’était pas vraiment étonnant quand on avait connaissance de son ancien grade.
Ruth avait simplement répondu d’un signe de tête. Elle était plongée dans ses pensées et s’égarait largement sur beaucoup d’hypothèses. La jeune femme savait qu’il ne fallait pas, qu’elle devait rester alerte en cas d’embuscade, mais elle ne parvenait pas à empêcher son esprit de tourner. Elle buchait sans arrêt sur les divers éléments de la mutinerie, collectant tant les différences de chacun, les réactions qu’elle avait perçu et ce qui était à la source du malaise.
Bien qu’elle ne se voyait pas médiatrice, elle savait qu’un dialogue entre les deux groupes serait inéluctable. Seul problème, elle avait tenté de contacter Rita par la centrale sans obtenir de réponse. Elle avait donc insisté par la suite auprès d’Izabel, sachant bien qu’elle refuserait de rester muette dans le cas où quelqu’un avait besoin de soin. Mais là encore, personne ne répondait.
Il se passait quelque chose qui dépassait le simple cadre de la mutinerie. Ruth en était arrivé à se demander si les mutins avaient vraiment tout dit des pressions qu’ils enduraient et si Allen n’avait pas, finalement céder plus à l’épuisement qu’au stress. Elle prit le temps de réfléchir un peu à la question de Matt puis répondit avec sincérité.
//Parce que ce n’est pas ma place...//
Elle s’accrocha à la barre de soutien de la tourelle lorsqu’Elana passa dans un nid de poule assez profond. Elle était aussi douée à la conduite de cette engin qu’avec les relations sociales. Ce serait une bonne petite boutade à lui faire.
//Le grade ne fait pas tout. Si tu as besoin d’un officier en renseignement pour t’expliquer pourquoi le groupe s’est scindé et pourquoi je suis convaincue que c’est temporaire...c’est moi. Mais le terrain...je ne sais pas ce que c’est.//
Elle haussa les épaules.
//Tu as été très humble de ne pas défier l’autorité qui revenait à Ravix. Tu as su conserver ta place. Et bien moi c’est pareil, je n’échappe pas à cette règle...//
La dernière remarque de Padilla lui fit tourner la tête dans sa direction, fronçant les sourcils quelque peu surpris. C’était bien la première fois qu’on le qualifiait de humble et il y avait même un superlatif employé devant l’adjectif. Eversman se savait plutôt arrogant. Enfin lui ne l’interpellait pas ainsi, c’était plutôt de la taquinerie pour lui. Un moyen de s’amuser un peu de la situation. Bon il pouvait parfois remettre séchement les gens en place mais tout le monde aussi pouvait être sec. Bref Ruth semblait sincère et mine de rien ça le touchait. Le regard se posa de nouveau sur l’environnement proche, pourtant l’attention n’y était pas, les mots résonnant encore dans son esprit et il mit un certain temps avant de lui répondre.
// Je connais le terrain, moi mais j’ai plus le grade… Ravix était le meilleur compromis même si je doute de la réussite de cette opération. // Ce n’était pas des doutes, il était sûr que la manoeuvre ne pouvait être une réussite maintenant. Au moins il serait allé jusqu’au bout comme on le lui demandait. On ne pouvait lui reprocher d’avoir lâcher l’affaire. C’était ça d’être têtu et même tenace. On changeait difficilement d’avis or il voulait retrouver Atlantis.
Padilla croyait à la séparation temporaire de l’équipe. Lui ne voyait pas comment ils pouvaient se montrer de nouveau unis. Les différences étaient trop nombreuses au niveau de l’état d’esprit. Ils étaient perdus pour lui, il fallait passer à autre chose et avancer.
// Retour canal principal. // Finit-il par lui signaler attendant quelques secondes une éventuelle réponse avant de modifier le canal radio.
//Pas si vite rangers !// fit-elle en ricanant. //Pourquoi tu te mets à douter comme ça ?//
// C’était déjà pas facile avec l’équipe au complet alors là à trois... // Il fallait être réaliste. ça n’empêchait pas de poursuivre la mission mais il s’attendait à finir neutralisé ou blessé, plutôt que victorieux pour le moment. Ils attaquaient aussi la fin du deuxième jour, les heures de sommeil étaient comptées sur la main et les ressources énergétiques réduites.
//Ah oui ? On abandonne soldat ?// Le chambra-t-elle.
// Jamais. J’ai un poste à récupérer. // Répondit-il du tac au tac tout en lui jetant un coup d’oeil.
//Ok. Alors question. Est-ce que le Capitaine Allen est le genre à fuir le navire, elle, ou elle est comme toi ?//
// Comme moi. // Pedge n’avait pas gagné ses galons sagement sur les bancs d’école, plutôt en versant son sang pour son pays. Mine de rien, le fait qu’elle l’ait abandonné là lui fichait un beau taquet derrière le crâne. Il ne comprenait toujours pas son départ. Certes une bonne partie de l’équipe n’obéissait plus mais merde, il était là et Padilla aussi. Ravix il l’avait pensé traître à ce moment là.
//Et avec cet officier médaillé de la guerre de Normandie, un rangers toujours prêt à en découdre, tu trouves que cette mission est foutue toi ?//
// Le Capitaine n’est plus avec nous. // Répliqua-t-il ne voyant pas où elle voulait le mener.
//Matt, tu es une vraie tête de mule.// S’amusa-t-elle. //Je ne comprends pas comment quelqu’un d’aussi expérimenté que toi peut être aigri parce que Calahan a réussi sa guerre psychologique...//
Tête de mule, ça c’était un qualificatif qui lui correspondait. Humble, non. // Hey ! Je te permets pas, j’ai même pas boudé cette fois ! Enfin moins de cinq minutes, ça compte pas ! //
//Je suis une intellect.// Rétorqua Ruth. //Je tiens le compte dès la première seconde ! D’ailleurs...s’il te faut une raison pour bouder...//
Elle ouvrit son gilet tactique pour en retirer une forme large et ovale qu’elle y avait précédemment coincé. La couronne que Pedge avait jeté dans les bois, Ruth l’avait récupéré en sachant pertinemment que son frère d’arme aurait feint de ne pas l’avoir vu.
//C’est à toi.//
Elle lui tendit la couronne en lui tapotant le torse avec.
//On va éviter de donner des raisons de plus à Calahan, tu en dis quoi ?//
Qu’allait-elle lui sortir qui serait capable de le faire bouder ? Une nouvelle photo d’un de ses exploits ? Méfiant, Eversman scrutait ses mouvements et découvrit avec horreur cette fichue couronne. Les sourcils se froncèrent aussitôt, le regard devenant plus noir. Sûr qu’elle n’avait pas raté son effet.
// La couronne m’a été retiré par l’officier commandant et depuis portée disparue. // Il n’avait clairement pas l’intention de la remettre et lui tourna quelque peu le dos pour ne pas avoir cet objet dans son champ de vision.
//D’accord, le héros. Tu ne la portes pas.// fit-elle simplement en commençant à la ranger. //Demain, ou après demain, toute l’unité retournera au repos. Mais toi tu continueras ton instruction, tout seul, avec Calahan. Pas besoin de te faire un dessin quand il saura que tu as désobéi à un ordre direct...//
Elle mimait une innocence complète tout en essayant de lui faire comprendre ce qui lui pendait au nez.
Ruth marquait des points, même si ça ennuyait sérieusement le Ranger. Tout cela n’était que le commencement pour lui. Il n’en avait pas fini avec l’officier. // Je n’ai pas retiré de moi même cette couronne, je n’ai pas désobéi et cet objet est porté disparu. // Fit-il en se tournant vers elle, les lèvres pincées. Ruth étant maline, il espérait qu’elle comprenne de lâcher ce couvre-chef dans la nature. Si elle le ramenait jusqu’au camp, il était fait.
//Tu sais à quoi tu me fais penser ?// Blagua Ruth.
Elle le laissa hésiter quelques secondes avant d’ajouter d’un ton plein d’humour :
//Un petit garnement capricieux. Il a fait cramer la poubelle de maman en jouant avec les allumettes et maintenant il essaie de l’embrouiller pour esquiver la punition. Le nez dans la merde, tu soutiendrais que c’est de la rose avec un parfaite tête d’innocent...//
// Mais c’est une rose ! // Dit-il sur le ton de la conversation, un sourire plein de malice aux lèvres. Le silence reprit ses droits quelques secondes avant qu’il ne reprenne la parole. // Allez Ruth. S’il te plait. // Il aurait pu ajouter “lâche-la” mais cela ne lui semblait pas nécessaire. Ils savaient parfaitement ce qu’il désirait maintenant que cet objet avait surgi de nulle part. Matt risquait de passer les prochains jours à devoir la rechercher dans la broussailles mais là le confort de ses cervicales malmenées et son moral le poussaient à ne pas la retrouver de sitôt.
//D’accord...// fit-elle en refermant la fermeture de son gilet par-dessus la couronne. //Tu penseras à maman Ruth quand Calahan te fera manger de la boue ? ?//
// Promis. // Répondit-il avec un geste de la tête. Il aurait préféré que cette couronne ne soit pas sagement dissimulée sous cette veste mais plutôt éparpillée dans la nature. Là il y avait toujours le risque qu’elle soit retrouvée et bien trop à proximité. A moins que Ruth n’ait une autre idée pour s’en débarrasser ?
La jeune femme le fixa un moment, secouant la tête tout étant secoué par les chaos du chemin.
//Tu sais pas à quoi ça sert hein ?//
// J’imagine que ce n’est pas pour en faire un pot de fleurs… Et côté souvenirs, il y a mieux. //
//Donc c’est une croisade personnelle spécialement prévu pour te reconduire sur Terre ?//
// Je l’espère pas. //
//Fait marcher ta tête. Enlève le côté scandaleux pour diviser. Pourquoi il fait ça ?//
// Côté couvre-chef humiliant, c’est du haut niveau. ça rappelle bien les diverses conneries... //
//Oui c’est ça.// L’encouragea Ruth. //Mais le but ?//
// Non reproduction de ces actes. Amélioration du comportement... // Répondit-il mécaniquement.
Elle ricana.
//Je te perds là. Sujet, verbe, complément out !// Ruth fit un petit signe positif. //Mais oui, tu as trouvé. C’est pour que tu assumes tes actes. Qu’en cas de réintégration, tu ne colles pas ton poing dans la figure du prochain qui prononce le mot “traître” ou “nympho”.//
Rien qu’à l’évocation du mot traître, Eversman tiqua. Il tenta bien de le dissimuler en détournant la tête mais nul doute que l’experte l’aurait certainement vu. Il avait agi comme tel, qu’il le veuille ou non il l’avait fait. Pas le choix de l’assumer même si cela l’affectait grattant toujours cette plaie à vif. Au moins ne lui avait-il pas sauté à la gorge...Matt soupira avant de tourner de nouveau la tête dans sa direction.
// Pourquoi tu gardes ça ? // Demanda-t-il ne passant plus par quatre chemins.
//Parce que je sais que tu ferais tout pour t’en débarrasser.// Confia-t-elle doucement. //N’importe qui ferait pareil, moi la première. Mais ce serait une grave erreur. Ce n’est qu’un bout de féraille et tu ne la porteras plus le moment venu. Mais en attendant, avec ton caractère de cochon, ça peut très bien devenir ton billet pour la Terre.//
Elle secoua négativement la tête.
//En bon équipier, on se protège les uns des autres. Encore plus de nous-même.//
Les propos de Ruth étaient justes. Même si ça l’ennuyait profondément de l’admettre, elle avait raison. Elle voyait juste dans son jeu et l’avait percé à jour. Eversman ne répliqua pas se contenant d’un geste de la tête avant de détourner son attention. Il avait besoin de réfléchir un peu tout ça, en ressentant le besoin. Tant de sacrifices et le non port de cette fichue couronne pourrait tout saboter...Il ne se sentait pourtant pas capable de la remettre là maintenant. Pas après les événements des dernières minutes. Ce serait le taquet qui lui ferait flancher les genoux et il n’avait pas besoin de ça… L’information positive à retenir de tout ça : Ruth veillait sur lui, tout comme tout bon équipier devrait le faire.
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L'enfer by Calahan
La détonation surpris Elana tout comme l’équipe. Certes, elle s’attendait à être, un moment où un autre arrêté par une congrégation Natus, mais pas de cette manière. Elle se demanda même pourquoi, ils se font « agressés » de la sorte, en territoire allié, avant de se faire une remarque évidente : les Natus ne devaient pas avoir l’habitude que quelqu’un traverse « leur » territoire avec un engin pareil et surtout sans être annoncé. A ce demander ce qu’ils étaient en train de se dire à cet instant. Dans tous les cas, explosion = réaction. Elle freina l’engin qui dérrapa un peu sur les cailloux, pour leur faire signe de se réfugié derrière l’endroit évitant les éclats métalliques.
« On ne m’avait pas vanté ce genre d’accueil chez les Natus » dit-elle d’un air mitigé une fois contre la carlingue. Ruth qui juste avant essayait de la « déridé » y était un peu parvenu, même si cela n’était pas le plus flagrant sur son visage, Elana répondait toujours à l’humour, mais à sa manière. Il fallait quand même avouer que l’imitation du GPS de Ruth était assez hilarante et avait fait passer le temps entre deux secousses.
Enfin bon, point positif après une “cri” de bienvenu, les Natus ne voulaient par leur mort au vu du comportement de cet homme en terrain couvert signe d’ouverture comme le soulignait si bien l’ex-officier à Matt. les paroles finales de Ruth et sa manière de présenter, faisait penser à Elana: « la chance » de la vie d’Eversman, comme s’il jouait une nouvelle vie avec ce peuple… « Va y mon coco tu vas y arriver pour la chance de ta vie ! Tu vas raflé le gros lot et la petite dame ! ». Cela était ainsi dans la tête d’Elana qui avait l’impression que cela était peut-être un peu « trop ». Mais, ne pouvant pas juger sans les antécédents, elle ne pensa pas plus, un simple rictus était sur ses lèvres.
L’équipe s’enfonçait dans la gueule du Loup. L’animal, ou plutôt les Natus étaient au courant de leur présence et tôt ou tard, ils allaient leur tomber dessus. Cette pensée était loin d’être rassurante et impliquait de demeurer vigilant. Rester concentré était loin d’être une qualité du Ranger. Il manquait d’attention, incapable de ne pas piquer du nez lors d’un briefing ou d’un long discours. C’était donc là une petite torture de rester sagement assis à subir les mouvements du blindé tout en scrutant l’environnement. Avec ces vibrations, Matt ne savait plus trop comment se mettre pour que ce ne soit pas désagréable. Clairement, il n’était pas fait pour rester sagement assis.
Le blindé sinuait maintenant dans un lit de rivière, la forêt de chaque côté était un couvert idéal. C’était l’endroit parfait pour une embuscade et ce qui devait arriver, arriva. Une explosion soudaine eut lieu sur le flanc droit le faisant sursauter et manquant de peu de le déstabiliser du véhicule. S’il n’y avait pas de pierre à feu là dedans, Eversman était prêt à remettre immédiatement la couronne en place. Cela eut le mérite de l’éveiller, pas de demi-mesure et le palpitant à bloc. Il ne fallait pas rester là… Matt n’attendit pas que le blindé soit stoppé pour en sauter cherchant à s’abriter, aussitôt rejoint par les autres. Dépourvu de casque de protection, la main gauche s’y logea en guise de défense contre les projectiles alors que yeux étaient protégés dans la poussière dans le creux du coude. Le fusil d’assaut était fermement tenu de l’autre, prêt à riposter. Rester à couvert, attendre que l’orage passe avant de pouvoir répliquer.
« Il y a de la pierre à feu là dedans. ça doit être des Natus ! » Partagea-t-il avec le reste de l’équipe. En temps normal, il aurait affirmé qu’il s’agissait bien de Natus mais Calahan était passé par là et par conséquent la méfiance était de mise. Il n’était pas à une imitation près.
La poussière se dissipant, Eversman tenta un coup d’oeil essayant de repérer une éventuelle cible. Une silhouette se détâchait à l’avant mais ce n’était pas celle qui le préoccupait le plus. Le lieu de l’embuscade n’avait pas été choisi par hasard. Ils étaient à découverts ne pouvant compter que sur le véhicule comme couvert. Des ennemis étaient sûrement sur les flancs à attendre l’ordre d’assaut. Peut être d’autres en arrière pour les priver de retraite. Il fallait bouger de là et vite ! C’était à Ravix de leur trouver un lieu de repli, lui se positionna, prêt à ouvrir le feu maintenant que la vue leur était rendue. Ruth leur distillait de nombreuses informations. Bon au moins, ils avaient bien affaire à des Natus. C’était déjà un bon point ! Ils étaient venus pour eux.
Une main se posa sur l’épaule attirant forcément l’attention. Ruth l’entraina à couvert avant de le briefer sur la situation. Le grand moment approchait et c’était loin de l’enchanter. Il avait eu beau avoir cogité un peu le temps du trajet, il ne se sentait vraiment pas homme de la situation. Qu’on le challenge d’abattre un maximum de cible, OK. Aller cogner le plus costaud des mecs de l’unité, OK. mais être celui qui doit aller négocier, non vraiment pas. C’était vraiment miser sur le mauvais cheval. Eversman n’en menait pas large essayant d’intégrer les différentes informations transmises.
La pression était conséquente sur les épaules. Une main passa sur son crâne, le caressant faisant voler un peu de poussière avant de redescendre sur son visage. La nervosité était là malgré les quelques encouragements de Ruth. Il la gratifia d’un mince sourire avant de finalement baisser les yeux essayant de rassembler un peu ses pensées pendant une vingtaine de secondes.
« Ravix ? » Finit-il par déclarer attendant ainsi l’aval du Chef d’équipe cherchant à croiser son regard.
« On va venir avec toi. » Dit-elle d’un ton affirmatif.
Ce n’est pas juste pour tenir la main du ranger, non, elle voyait bien qu’il était aussi nerveux qu’une pucelle qui va voir le grand méchant loup. Il allait se faire bouffer s’il est aussi stressé. Ainsi, elle prit la décision de l'accompagner, ils n’avaient rien à protéger, le divorce était grand et surtout, la présence d’une équipe solide, pourrait rassurer Matt, dpu moins elle l'espérait. Il en avait besoin, d’avoir un rocher pour s’appuyer si le vent Natus souffle trop fort. Et puis, s’il vient à ne pas réussir sa négociation Ruth ou même elle pourrait compenser ses manques (même si soyons clair, elle n’était pas la meilleur dans ce domaine). Surtout que l’homme qui les attendait, n’était autre qu’un équivalent d’un colonel, il voudrait peut-être parler avec un gradé avant de parler avec un autre homme aussi héros soit-il. Elle n’en savait rien, mais autant prévenir tous les scénarios, même si la raison principal était le choix pour soutenir le ranger. Faire face ensemble voilà une belle idée. Même trois, ils restait une équipe, l’équipe Charlie et elle s'efforçait de garder cet esprit, malgré leur déboires.
Un signe de la tête appuya la décision de Ravix de venir avec lui. Un soupir fut lâché avant de se remettre sur pieds. Cette fois, c’était le moment d’affronter les Natus. Il l’appréhendait particulièrement. Eversman se détacha du véhicule se démarquant ainsi avant de lever les mains, les plaçant bien en évidence de manière à montrer qu’il ne devait être perçu comme une menace. Le Ranger avait choisi ne pas délaisser son équipement tactique, le P-90 pendant le long de la sangle. C’était le seul attribut qui l’identifiait vraiment en tant qu’atlante. Il ne pouvait compter sur l’uniforme, le sien était fait d’un bricolage de toile de tentes et couvertures. Chaque pas lui demandait un effort certain. La faim, la fatigue, les douleurs dorsales ne comptaient plus. Il ne cessait d’appréhender la suite, de se questionner sur les réactions des Natus, si Yin était là… L’esprit tournait à plein régime. Ce n’était pas bon. Il lui fallait se calmer et se concentrer. On comptait sur lui. L’échec n’était pas permis. Ce n’était pas le moment de déconner, de décevoir une fois de plus.
Le regard alternait entre ce meneur et les différents guerriers désormais visibles sur les flancs.
- Meneur:
« Ola devant ! Je suis le Meneur Jelsok ! C’est terre concédée aux Natus que vous envahissez de votre maladresse ! Sans prévenir, sans appel, qui êtes-vous ? Connivents d’Athosiens ?!? »
Il s’approcha du trio sans hésitation, grignotant les quelques mètres pour ensuite se planter devant eux et les observer. Son regard alla sur Elana et Ruth sans laisser paraître une quelconque émotion. Mais une fois qu’il découvrit l’identité de l’ancien rangers, il ne le quitta plus. Son regard perçant planté dans celui de l’Atlante, il acquiesça en inspirant longuement.
« Les Trois me punissent à forcer rencontre d’un tel couard ! Est-ce voeu de suicide ou la bêtise qui vous mène ici-lieu ?!? »
Le premier échange avait fait naître un petit espoir de passer incognito avant que le boomerang ne lui revienne en pleine figure. Ne pas répliquer, ne pas perdre ses nerfs, faire bonne figure et prendre sur lui. Les consignes furent répétées avant qu’Eversman ne déglutisse et ne prenne la parole.
« Meneur Jelsok, voici le Caporal Ravix, chef de cette unité et le soldat Padilla. » Fit-il en les présentant d’un geste de la main. Se présenter semblait des plus inutiles, il n’allait pas lui faire l’affront de le faire.
« Nous sommes Atlantes et en pleine manoeuvre militaire, un exercice de situation. » Précisa-t-il en évitant le contact visuel direct avec son interlocuteur. La diplomatie, ce n’était pas vraiment son truc. Il reprenait des tournures de phrases qu’il avait pu entendre lors de missions.
« Veuillez excuser notre entrée. Nous avons pris la direction de vos terres afin de requérir votre aide. »
« Commencez par retenir votre regard de fuyard. Et dites-moi pourquoi Natus soutiendraient celui qui a brisé confiance et honneur pour la fange de sa propre bassesse. » Rétorqua-t-il en se moquant de la présence des autres. « La curiosité m’assaille, Eversman. Telle logique m’échappe. Vos mots appellent à notre bienveillance. Je ne l’ai pourtant point découverte chez vous, alors que vous vous attaquiez à reflet d’Allen, quand les nôtres se vidaient de leur sang non loin de vos bottes ! »
Il en était là de sa constatation, se faisant sûrement l’image de la pensée des autres Natus.
« Donc ! Qu’est-ce qui vous motive ? »
On va dire que les Natus n’y vont pas par quatre chemins. Malgré leur parlé assez surprenant, Elana n’avait aucun mal à comprendre que Matt était une grande déception pour ce peuple. Elle lui jeta un regard simple, aussi difficile soit cet exercice, il avait toute sa confiance et son soutiens. Et faire confiance à un homme « qui a perdu sa bienveillance » montre bien, qu’il a quand même changé ou qu’il peut mériter à nouveau le soutien de ses pairs. En tout cas, il s’employa depuis le début de cette manœuvre à essayer et c’est déjà bien. Enfin, elle disait ça, mais ça se trouve, elle va se prendre le revers de la couronne dans la gueule, puisque lutter contre sa nature et le plus grand des défis. Elle resta silencieuse, il n’avait que ça a faire.
Certains mots lui échappèrent néanmoins Matt n’avait aucun mal à comprendre ce qu’on lui reprochait. Ruth l’avait prévenu que ce serait loin d‘être facile. Il ne put s’empêcher un regard vers elle avant de revenir vers l’autre essayant de croiser son regard même s’il était incapable de le supporter plus de quelques instants. Ruth l’avait encouragé de son regard, espérant qu’il se souviendrait de ce qu’elle lui avait expliqué. Elle ne parlait pas, sachant que ça n’aiderait pas le cas du soldat.
« Comme vous avez pu le remarquer, je ne suis pas seul. Nous obéissons au plan défini par Pedge Allen qui était d’entrer en contact avec vous et de requérir votre aide ce que nous avons fait. Ne privez pas les autres pour une de mes conneries. » Qu’il ait la dent dure contre lui, c’était compréhensible mais pas contre les autres Atlantes.
« Qu’est-ce qui vous motive ? » Répéta plus sèchement le meneur.
La répétition de la question déstabilisa le Ranger qui resta quelques instants sans autre réaction qu’observer son interlocuteur les sourcils froncés ne comprenant pas ce qu’il désirait de lui. Les explications concernant leurs motivations ne semblaient pas suffisantes..
« Nous venons chercher de l'aide auprès de nos alliés.. » Finit-il par tenter, non sans hésitations.
« Le besoin. » Conclut-il.
Cette fois, il fixa les autres personnes, sondant leur état, avant d’en revenir au sujet de son intérêt. Elana soutient son regard, non pas par arrogance mais par respect et calme.
« Il m’est parvenu que les Natus attendaient depuis trop longtemps votre parole. Vous moquez les accusations qui pèsent sur vos épaules. Or, si vous foulez mon camp, je veux savoir qui vous êtes. »
« Et bien maintenant je suis là face à vous. Prêt pour répondre à vos questions et aux accusations de votre peuple, Meneur Jelsok. » Répondit-il du tac au tac.
« C’est en Magna, au conseil du Monarque, que vous auriez dû vous rendre depuis lors. » Nota l’homme. « Regardez-moi dans les yeux. »
Un léger “non” fut effectué de la tête quand à retourner sur Magna. Matt ne pouvait s’y résoudre pour le moment avant qu’il ne lève les yeux vers le Meneur. Soutenir son regard était loin d’être aisé pour lui. Jelsok, de son côté, le toisait de son regard noir et peu amène. Il s’y plongea, choppant Eversman par le col au moment où il avait l’intention de fuir de nouveau.
« Fixez-moi, l’Atlante. » Insista-t-il. « Irez-vous ? »
« Non... » Répondit-il la tête surélevée pour ne pas être gêné par cette pression. Il ne pouvait se résoudre à retourner là-bas. Ruth avait eu beau le convaincre de la beauté retrouvée de la planète, Matt ne voulait pas remettre un pied là-bas. Un bout de lui même était resté là bas, un peu de wraith était entré en lui à défaut et depuis les merdes s’étaient accumulées.
« Fort bien. » Répliqua-t-il en le relâchant. « Voilà tel héros de la Magna. Se portant sur ces terres en distribuant le déshonneur en offrande. »
« Meneur. » intervint finalement Ruth qui sentait le coup venir. « Permettez-moi de... »
« Silence ! C’est affaire entre nous. Le guerrier Eversman qui appelle à l’aide tout en foulant au pied la considération aux Natus. »
Il le fixa avec un certain dégoût.
« Il est heureux que vous ne soyez pas de natalité Natus, mon ami. Nous réglons la bassesse au fil de la lame par chez nous. »
Le meneur appela du signe de la main. Un homme sortit des taillis bien plus loin, parmi d’autres, et se rendit jusqu’à eux au pas de course. Il semblait être le second, ou un aide de camp, puisqu’un élément sur son uniforme le distinguait.
« Déplacement en ordre de colonne. Faites avertir le fort. »
Le Natus acquiesça et repartit au trot pour distribuer l’ordre.
Bon, Matt avait donc merdé, il ne savait pas mentir ? Elle ne se souvenait plus si ce mot figurait dans la liste des qualités du ranger. Mais bon, face à Natus sacrément remonté l’empoignant par le col (à ce geste, elle s’était tendu, pour se tenir prête à entré en combat si le Natus décidai de foutre la rouste de sa vie à Matt), il fallait mieux lui dire « oui » et aviser après. De toute manière entre se faire passer pour un dégonflé ou le déshonneur. Être lâche était peut-être « mieux ». Enfin bon, cela avait foiré comme il se doit. Et ça donnait raison à Matt qu’il n’était pas le mieux niveau diplomatie. Après, elle comprenait qu’il n’ait pas choisi le mensonge, elle aurait fait comme lui.
« Eversman n’est pas le seul à demander de l’aide. Nous sommes trois à venir vous voir. » précisa t’elle, en tenant sa chance, pour ramener l’intérêt du meneur sur une autre personne du groupe que le pauvre ranger démuni. Elle se demandait si les Natus allaient pas essayer de laver leur honneur avec un combat ou quelque chose dans ce goût.
« C’est pour cela que mes hommes ne vous reconduisent pas à notre frontière. » Lâcha-t-il. « Vous êtes les invités de la Magna. Mais celui-ci restera à la porte du fortin. »
Elana hocha la tête « Merci meneur Jelsok » elle jeta un regard à Matt, il va être comme les animaux de compagnie ou de transport dans les jeux de rôle : interdit en ville.
« Il n’est nulle besoin de remerciement à la normalité. Soyez avisé, les hommes n’aiment pas les couards. C’est à se demander ce que lui trouve la jeune Destya. »
Jelsok savait. Ca se voyait à son visage.
« Yin est là ? » Questionna-t-il aussitôt.
« Vous avez perdu le droit de vous adresser à moi. » Siffla le Meneur.
Eversman tiqua gardant les lèvres pincées se tournant aussitôt vers le Caporal afin que la Chef d’équipe obtienne réponse à sa place. C’était important pour lui, il lui fallait savoir.
Oh elle pouvait simplement le trouver mignon, ou avoir un sacré coup de reins ! Parfois, les femmes ne valent pas mieux que les hommes sur ce point. Mais Elana gardait bien cet avis pour elle, il serait malvenu de répondre cela à cet homme qui vouait sa vie à la fierté.
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L'enfer by Calahan
MATT/RUTH
Déception. Colère. Humiliation.
Ce cocktail explosif se répandait très rapidement faisant des ravages en Eversman. La tête s’était baissée, le regard assombri alors que le jeune homme prenait conscience de la bonne baffe qu’il venait de recevoir de la part du leader Natus. Certes il avait conscience d’être un bien piètre diplomate mais c’était un bel échec critique. Une bien belle gifle reçut en pleine figure. ça faisait mal mais c’était surtout le cuisant de l’humiliation qui faisait des ravages. Le plus bas des instincts l’avait incité à un moment d’aller de l’avant, de montrer à ce Commandant qu’il n’était pas qu’un connard quitte à prendre les armes, les lames s’il le fallait mais l’esprit l’avait écarté, bien trop dangereux. ça n’aurait aucun impact positif, ni pour l’équipe et encore moins pour lui.
Ravix prit la relève essayant de limiter les dégâts. Eversman recula d’un pas afin de laisser la Chef dans la lumière et montrait ainsi qu’il la laissait reprendre les commandes. C’est d’une oreille peu attentive qu’il suivit la suite, l’esprit bien trop engagé par ce revers. Il nota néanmoins qu’il aurait le droit de rester à l’extérieur des fortifications. Cela n’avait rien de bien encourageant. Il ne valait donc rien de mieux qu’un chien aux yeux de ce mec, surement même qu’il le considérait comme un ennemi mais ne tenait même pas à l’enfermer dans une de ses geôles. ça devait être trop prestigieux pour lui. Ne pas se salir les mains avec lui. Calahan le traitait de pestiféré depuis le début, ça n’aurait donc pas dû l’affecter et pourtant, c’était un sacré bon taquet derrière la tête.
La motivation, l’estime de soi. C’était un sacré choc derrière le genou qui commençait sérieusement à flancher. Un de plus depuis le début de l’expédition sans oublier la faim, la soif et surtout la fatigue qui affaiblissait fortement l’organisme. Il fallait serrer les dents, baisser la tête et ronger son frein. ça commençait à faire beaucoup.
Ravix lui ordonna de s’occuper du Divorce à l’arrière-garde, il s’empressa de lui répondre positivement récupérant les clés avant de détourner les talons. La réponse de Ruth ne lui parvint pas, bien trop focalisé sur le fait de pouvoir s’éloigner de ce meneur, de cette forte source de contrariété. Un bon punching ball ne serait pas de trop dans ce genre de moment. Il se contenta de taper du poing sur le blindé, à part se faire mal ça n’eut aucun effet positif. Eversman soupira longuement.
Ruth tapota l’épaule de Matt sans forcément le fixer dans les yeux.
« Demi-défaite mais demi-victoire. On va pouvoir se reposer cette nuit, merci Matt. » lui dit-elle avec positivisme.
« Mouais... » Répondit-il sans entrain, peu convaincu qu’une victoire pouvait se cacher derrière tout ça.
« C’est jamais facile de se confronter à un comportement culturel différent. Tu as eu face à toi le responsable du fortin, ce n’est pas un petit poisson. Les Natus montent au mérite comme je t’ai dis. »
Elle grimpa au niveau de la tourelle et constata l’absence des clés. Elle lui tendit la main pour les recevoir, y agitant les doigts en signe d’appel.
« Tu t’es pas si mal démerdé. Il y a encore du travail mais ils t’ont pas laissé sur place, c’est bon signe. »
Ruth au poste de pilotage, cela l’arrangeait. Eversman n’avait aucune envie de piloter ce truc. Ce n’était pas son délire tout comme la diplomatie et vu l’effet de la dernière, il valait éviter qu’il prenne les commandes de ce truc. ça risquait de terminer en tas de ferrailles ou en bain de sang avec quelques Natus sous les roues. Les clés furent lancées avant qu’il ne s’installe sans un mot sur le flanc gauche de l’appareil.
Ruth le remercia d’un petit signe de tête. Elle peina à démarrer le Divorce, le moteur semblait vouloir se rebeller et elle nota les deux jauges dont les aiguilles frôlait le rouge. Au troisième essai, le blindé accepta de bouger en ronflant de manière inquiétante.
//Elana, ici Ruth. J’ai embarqué mon p’tit boudin néandertalien et j’intègre l’arrière garde. Le Divorce n’est pas en bon état. A toi ?//
// Je valide le surnom. Fait de ton mieux pour qu’il arrive au camp, on essaiera de voir ce qu’il cloche là bas. //.
//A vos ordres.//
Le surnom fut accueilli d’un regard noir mais il n’y eut rien de plus. L’envie de discuter, s’ouvrir à l’autre n’était plus là. L’envoyer comme diplomate était une vraie connerie et il n'aspirait qu’à une chose : que cette mission en finisse et vite si possible.
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